Harm Schröter,

Le déclin des cartels dans l’économie de la RFA

Jusqu’en 1945, l’opinion s’était répandue en Allemagne, parmi les industriels, les organisations patronales, les syndicats, les gouvernements, et aussi parmi la majorité des économistes, que les cartels permettraient de remettre en partie de l’ordre dans les tendances chaotiques du capitalisme. Les mentalités étaient fortement orientées en faveur de la cartellisation. Mais l’interdiction américaine des cartels, l’engagement d’économistes allemands et le développement économique exceptionnel des années 1950 et 1960 ont ensuite inversé, sur la base d’une économie structurellement transformée dans un sens défavorable aux cartels, cette appréciation positive. L’évolution s’est cependant, comme tout changement de mentalité, étalée sur de nombreuses années. Elle est même en partie remise en cause depuis les années 1980, ? en particulier au niveau de la Communauté Européenne: les cartels sont maintenant perçus, dans des circonstances particulières, comme une possibilité de surmonter des crises.

Until 1945, it was generally accepted among industrialists, manufacturers’ organisations, labour unions, governments, and also among the majority of economists, that cartels would permit a partial organisation of the chaotic tendencies of capitalism. Public opinion was strongly in favour of cartelisation. This was all reversed by three factors: the American prohibition of cartels, the engagement of German economists against cartels, and the exceptional economic development of the 1950s and 1960s. As a result, the economy became structurally transformed in a sense unfavorable to cartels. As with all changes in opinion, this evolution took place over many years. Since the 1980s, it has been partially contested, particularly at the level of the European Community. Cartels are now seen, in certain circumstances, as an appropriate solution for dealing with crises.