Christopher Mckenna,
«Mieux vivre par la chimie». Accidents industriels et masculinité à Du Pont, 1890-1930
En 1925, les vives plaintes à la suite d’une fuite mortelle dans une usine qui fabriquait l’additif au plomb utilisé dans l’essence, tant des ouvriers que de l’opinion publique américaine, choquèrent les dirigeants de Du Pont. Après tout, une explosion de poudre noire en 1915 avait tué un nombre presque quatre fois plus élevé d’ouvriers, mais les ouvriers de l’entreprise avaient accepté les morts sans état d’âme. Ce que les dirigeants de Du Pont ne comprenaient pas, c’était la grande différence entre les idées sur ce type d’accident industriel qu’eurent les ouvriers des deux périodes. Là où les ouvriers à poudre noire crurent qu’ils pouvaient se sauvegarder eux-mêmes des maux physiques par leur puissance masculine, les ouvriers à l’additif au plomb eurent peur d’un poison invisible qui menaçait les valeurs masculines établies. Confrontés à ces nouvelles menaces technologiques, les vieux codes masculins du travail se désintégrèrent, et les managers bureaucratiques de Du Pont ne purent pas offrir des solutions immédiatement. Les dirigeants de Du Pont avaient été capables de projeter la transformation du paternalisme corporatif d’un petit fabricant vers le «welfare capitalism» d’une société anonyme gigantesque et diversifiée. mais les mêmes dirigeants ne surent pas imposer une nouvelle définition de la masculinité aux ouvriers impliqués dans la fabrication des produits chimiques dangereux. Les façons dont les ouvriers et les dirigeants choisirent de réinterpréter les vieux codes masculins pour les adapter aux nouvelles menaces de la technologie industrielle montrent l’importance de la masculinité dans la création du lieu de travail moderne.
In 1925, the outcry from workers and the American public following a deadly leak in a plant that produced the lead additive in gasoline astonished Du Pont executives. After all, a black powder explosion in 1915 had killed nearly four times as many workers, yet the company’s workers had accepted the deaths without question. What Du Pont executives did not recognize was how differently the workers from the two periods perceived these industrial accidents. Where black powder workers believed that they could safeguard themselves from physical harm through their masculine strength, the workers at Du Pont’s lead-additive plant feared an invisible poison that threatened entrenched masculine values. In the face of these new technological dangers, old masculine work codes broke down and Du Pont’s bureaucratic managers were unable to offer immediate solutions. Du Pont executives may have planned the company’s transition from the corporate paternalism of a small manufacturer to the welfare capitalism of a diversified corporation, but the same executives could not impose a new definition of masculinity on workers involved in the manufacture of dangerous chemicals. How workers and executives chose to reinterpret older masculine codes to fit the new dangers of industrial technology reveals the importance of masculinity in the creation of the modern workplace.