Luc Jeanvoine,
Le dépérissement de l’usine de Graffenstaden
En 1960, l’usine de constructions mécaniques de Graffenstaden à 8 kilomètres au sud de Strasbourg était un des plus grands établissements de constructions mécaniques d’Europe. Son organisation industrielle semblait immuable depuis sa fondation en 1838 puisqu’elle fabriquait tout bien d’équipement métallique : locomotives à vapeur, crics, vérins, machines-outils, machineries d’écluse et engrenages. Après une chute de l’emploi dramatique surtout dans les années 1960, une réorientation momentanée vers la fourniture de machines-outils pour l’industrie automobile dans la décennie 1970-1980 principalement, l’usine a perdu les quatre cinquièmes de ses effectifs et se résume depuis le milieu des années 1980 à deux PME issues des anciennes activités : les centres de fraisage (descendant de l’activité machine-outil) et la fabrication d’engrenages. Le présent article tente de décrire les modalités de cette implosion, afin de contribuer à un débat sur la désindustrialisation en France dans le dernier quart du XXe siècle.
In 1960, the machinery construction factory of Graffenstaden, 8 kilometers south from Strasbourg, was one of the most important machinery construction plants in Europe. Its industrial organisation seemed to be immutable since its foundation in 1838. It produced all kinds of metallic equipments: steam engines, machines, etc. After a dramatic decrease of employment in the sixties, a momentaneous reorientation into machines for the motor car industry during the years 1970-1980, the plant lost four fifths of its workforce. It remains now only two little entreprises coming from the ancient activities. This article tries to describe the modalities of this implosion, in order to help the discussion about the deindustrialisation in France during the last quarter of the 20th century.