Pierre Lanthier,
Dynasties patronales et construction électronique en France : une greffe qui n’a pas pris
Cet article analyse les raisons pour lesquelles la construction électrique française n’a pas fourni un nombre appréciable de dynasties patronales. Il examine d’abord les possibilités et les contraintes rencontrées par les entreprises familiales dans leur développement. Puis il étudie trois exemples de groupes familiaux ayant produit des dynasties patronales. Il en ressort le fait que les entreprises familiales ont dû recourir à des stratégies spécifiques pour combiner croissance et autonomie familiale. Ces stratégies n’ont à aucun moment freiné l’expansion et la modernisation des moyens de production, bien au contraire. À ? vrai dire, les difficultés rencontrées par la majorité des sociétés familiales provenaient de la nécessité de poursuivre la croissance technique et managériale du secteur tout en desservant un marché lent à prendre son essor. Cela supposait des moyens financiers considérables dont ne disposaient pas la plupart des entreprises familiales. Il fallait donc beaucoup de capitaux dès le départ, ou une grande souplesse organisationnelle pour les attirer. Le première possibilité n’était pas à la portée de tous, tandis que la seconde comportait une part élevée de risque.
This article analyzes the reasons why the French electrical manufacturing industry did not generate many business dynasties. First, it examines the potentialities and obstacles met by family companies. Next, it studies three examples of successful electrotechnical dynasties. It demonstrates on the whole that families did use specific strategies in order to combine the company growth with the preservation of their autonomy. At no time did these strategies block the expansion and modernization of production, quite the contrary. In fact, the difficulties met by the majority of families originated in the necessity of keeping pace with the sector’s technical and managerial growth while dealing with a market hard to develop. Considerable financial means were needed, and most family businesses did not have these. Those who managed to expand had either strong financial assets right at the beginning or great organizational flexibility to obtain them. The first possibility was restricted to a tiny minority, while the second was extremely risky.