Valerio Castronovo,
La logique du conglomérat : l’État banquier et entrepreneur en Italie
Depuis sa création en 1933 par le régime fasciste, l’Institut pour la Reconstruction Industrielle (IRI) est l’outil privilégié de l’intervention publique dans les domaines bancaire et industriel. En organisant la séparation des banques et des grands groupes industriels, il a permis à l’Italie de limiter les conséquences économiques de la crise des années 1930. De nouvelles conditions de financement des entreprises contrôlées ont été mises en place. On pouvait alors parler d’économie mixte. Après 1945, l’IRI a survécu à la chute politique de ses fondateurs. Il est devenu l’instrument de la reconstruction et de la modernisation de l’économie. Toutefois, la multiplication d’objectifs contradictoires au sein des politiques gouvernementales a réduit l’efficacité de ses interventions. La crise des années 1970-1980 et les restructurations industrielles ont repositionné l’IRI au centre des politiques publiques. Ses missions de contrôle se sont depuis lors développées au détriment de ses interventions directes.
Since its creation by the fascist régime in 1933, the Institute for Industrial Reconstruction (IRI) has been the major tool for public intervention in banking and industry. Because it organized the separation of banks and of large-scale industrial corporations, it enabled Italy to limit the economic consequences of the Depression of the 1930s. New conditions for the financing of companies controlled by IRI were devised and put into practice. The bases for a mixed economy were thus established. After 1945, the IRI was able to survive in spite of the defeat of the fascist régime which founded it. It became the key instrument for the rebuilding and the modernization of the economy. However, the multiplication of contradictory objectives within the framework of governmental politics reduced the efficiency of the IRI’s interventions. The world economic crisis of the 1970s and 1980s and the restructuring of industrial firms have brought the IRI back to the centre of the State’s industrial policy. Its tasks of control have been developed at the expense of its direct interventions.